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l'agonie de Rasu-Ñiti

extrait de Agua y otros cuentos indigenas

un recueil de contes quechuas retranscrits par José Maria Arguedas


traduction de l'espagnol (péruvien) par Gaëlle Marie Lucie Pertel Pacheco

avec l’aimable autorisation de Mme Sybila ARREDONDO de ARGUEDAS




Pedro Huancayre ou Rasu-Ñiti ( qui écrase la neige ) grand dansak’ ( danseur en quechua ) sait qu’il va mourir, le Wamini ( le dieu de la montagne ) se présentant sous la forme d’un condor )qui l’habite, le lui a annoncé. Il revêt alors son habit d’apparat, ses gants et ses ciseaux d’acier pour exécuter sa dernière danse entouré de sa femme, de ses filles, du violoniste Don Pascual et du harpiste Lurucha. Atok’ Sayku ( “ qui fatigue le renard “ ), le disciple de Rasu-Ñiti est là aussi. Il est triste mais il se contient pour ne pas éclater en sanglots. Tous les habitants des villages voisins ont accourus pour assister à cette ultime cérémonie.




Photographie de Valérie Ghévart

Il était allongé sur des peaux de bêtes à même le sol. La lumière vive du soleil pénétrait par l’unique fenêtre de la chambre, se heurtait à une peau de vache accrochée à une poutre et retombait de l’autre côté du lit du danseur. Le reste de la pièce, assez spacieuse, était plongé dans l’obscurité. Dans un coin, il y avait un grenier ou plutôt une mezzanine avec pour y accéder un escalier fait de bouts de bois. Des fourmis noires montaient le long de l’écorce des bâtons encore parfumés.

« Le cœur est prêt. Le monde l’annonce. J'entends la chevauchée de Saño. Je suis prêt ! » dit le Dansak’ Rasu-Ñiti.

Il se leva pour prendre ses habits de danseur protégés dans une housse en cuir et ses ciseaux. Il enfila son gant gauche et commença à jouer des lames d’acier. Les oiseaux qui s'épouillaient tranquillement dans les branches de l’arbre de la petite cour de la maison sursautèrent, sa femme et ses deux filles qui égrainaient le maïs dans le couloir s’interrogèrent du regard.

« Mère, as-tu entendu ce chant ? Est-ce mon père ou cela proviendrait des entrailles de la montagne ? demanda l’aînée.

- C’est ton père ! » répondit la femme.

Les lames du ciseaux, alors, résonnèrent plus vigoureusement. Elles se précipitèrent toutes les trois vers la chambre.

Oui, Rasu-Ñiti s'habillait. Il enfilait sa chemise ornée de miroirs.

- « Mon époux ! Tu t’en vas ? interrogea la femme sur le pas de la porte. Ses deux filles, inquiètes, le regardaient.

- Le cœur annonce. Allez chercher le Lurucha et Don Pascual. Allez-y vous! » ordonna-t’il à ses filles.

Les deux fillettes partirent en courant. Sa femme s'approcha.

- Bien ! Le Wamini me parle, dit-il, tu ne peux pas l'entendre. Il me parle directement au cœur. Aide-moi, je vais mettre mon pantalon. Où est le soleil ? Il a dû déjà dépasser le zénith ?

- Oui, il l’a dépassé, il est ici maintenant ; le voilà ! »

- "La chirinka qui vient juste avant la mort tardera encore ; quand elle viendra nous n’entendrons pas son puissant vrombissement, je serais en train de danser."

Il enfila son pantalon de velours en s'appuyant à la rambarde de l’escalier et aux épaules de sa femme, puis il chaussa ses sequins, mit sa jaquette et sa toque. La jaquette était ornée de fils d'or. Sur les immenses pans de la toque, entre les bandeaux ouvragés brillaient des miroirs en forme d'étoiles. Des franges multicolores tombaient du chapeau et s’étalaient sur son dos. La femme s'inclina devant le danseur. Elle lui baisa les pieds. Déjà, il avait revêtu son habit et ses insignes au complet. Un mouchoir blanc couvrait une partie de son front. La soie bleue de sa veste, les miroirs et la toile rouge de son pantalon resplendissaient sous le fin rayon de soleil qui transperçait l'ombre du taudis, la demeure de l'indien Pedro Hancayre, le célèbre dansak’ Rasu-Ñiti, dont la présence aux fêtes de centaines de villages était tout autant crainte qu' attendue.

- « Vois-tu le Wamini sur ma tête ? » demanda le danseur à sa femme. Elle leva les yeux.

- « Il est là, tranquille !

- De quelle couleur est-il ?

- Gris avec sur son dos une tache blanche incandescente.

- Oui, c'est ça, je m'en vais. Descends les cônes de maïs ! Allez ! »

La femme obéit. Dans le couloir, des grappes de maïs colorés pendaient du plafond. Ni la neige, ni la terre blanche des chemins, ni le sable des rivières, ni le vol joyeux des palombes n’avaient l'aspect, la vigueur et la majesté de ces grappes. La femme les descendit.promptement

Au loin le bruit des gens se fit entendre. Les fillettes revinrent. L'une d'elles était tombée dans le champs de maïs et son orteil saignait. Elles débarrassèrent le couloir et allèrent voir leur père.

Il tenait dans sa main gauche son mouchoir rouge. Son visage olivâtre, pas pale, non, olivâtre, encadré par son mouchoir blanc semblait quasiment détaché de son corps, illuminé par son costume de lumière et sa grande toque qui l'enveloppait ; il avait perdu toute expression. Seuls ses yeux noyés dans le vide se détachaient d'entre les couleurs du costume et ses muscles rigides.

- « Vois-tu le Wamini au dessus de sa tête ? demanda la femme à sa fille aînée.

- Non, répondit-elle.

- Tu n'en as pas encore la force. Il est assis sur la tête de ton père et de là il voit tout et entend tout ce qu'il a enduré ; ce qu'il a dansé ; ce qui lui reste encore à souffrir.

- Entend-il le galop du cheval du patron ?

- Oui, il l'entend, répondit le danseur bien qu'elle eut parlé à voix basse.

- Il l'entend. Et il entend aussi ce que les pattes de ce cheval ont tués. La saleté qui t'a éclaboussée. Il entend aussi notre dieu croître pour lui manger les yeux à ce cheval-là. Pas les yeux du patron, non, les yeux de son cheval parce que sans lui, il n'est que du crottin d'agneau ! »

Il se mit à jouer des lames de ciseaux. La voix fine de l'acier résonna profondément dans l'obscurité de la pièce.

- Le Wamini m'avertit. dit-il.

- Entends-tu, ma fille ? Ce ne sont pas les doigts de ton père qui agitent les lames du ciseaux, c'est le Wamini qui les fait tinter.

Ce sont des lames de ciseaux séparées, le Dansak’ les tient par les poignées et les frappe l’une contre l’autre. Avec cet instrument, un danseur peut tout aussi bien jouer une musique fluide comme de l'eau, qu'une musique enflammée : cela dépend du rythme, de l'orchestre et de l'esprit qui l’ habite. Il danse seul ou en duel. Les prouesses qu'il réalise et son ardeur pendant la danse dépendent de l’esprit qui est aux dessus de sa tête ou dans son cœur et qui le fait danser, ou lancer et rattraper des broches avec sa bouche, transpercer son corps d'alênes ou marcher dans les airs sur une corde tendue depuis la cime d'un arbre jusqu'à la tour du village en jouant des ciseaux.

J'ai vu le très vénérable Père Untu vêtu de noir et de rouge, couvert de miroirs, danser en jouant des ciseaux sur une corde tendue dans les airs. J’entendais le chant de l'acier plus fortement que celui du violon et de la harpe qui jouaient tout près de moi. À l’aube, la silhouette noire du Père Untu apparut sous la lumière incertaine du jour naissant ; il oscillait dans l'ombre de la grande montagne. Le chant de ses ciseaux qui allait du ciel à l'univers tout entier nous saisit, nous, le millier d'indiens et de métis qui le regardions avancer depuis l'immense eucalyptus jusqu'à la tour. Nous avions tous arrêté de respirer et nos cœurs de battre. Son voyage dura une éternité. Il atteignit la fenêtre de la tour au moment où le soleil illuminait la pierre des arches blanchie à la chaux. Il dansa encore quelques instants dans le clocher et descendit. On entendait le chant de ses ciseaux dans la tour ; il devait chercher les marches à tâtons dans l’obscurité.

L’univers ne chantera plus jamais de cette manière, jaillissant tout entier de deux lames d’acier. Je me souviens du chant des oiseaux, des palombes et d’autres, nichés dans le peuplier pendant que le Père Untu se balançait dans les airs. Les petits oiseaux roucoulaient joyeusement à l'unisson du chant de l’acier du dansak', l’Homme en harmonie avec l'univers.

Le génie d'un dansak’ dépend de l’esprit qui l'habite : l'esprit d'une montagne ( le Wamini ) ou d'un précipice au silence diaphane ou d'une grotte abritant des taureaux d'or et des damnés embrasés ou encore d'une cascade se précipitant du sommet de la montagne, ou bien seulement d’un oiseau, d'un insecte volant expert de l’abîme, d’ arbres, de fourmis et de l’obscurité sécrète ; de ces quelques oiseaux maudits ou étranges, le hakakllo, le chusek ou du Saint Georges, insecte noir aux ailes rouges qui dévorent les tarentules.

Rasu-Ñiti était le fils d'une montagne aux neiges éternelles, un grand Wamini, qui à cette heure-ci, lui avait envoyé son esprit : un condor gris au dos blanc vibrant.

Lurucha, le harpiste du dansak’ arriva en jouant suivit de Don Pascual, le violoniste qui jouait aussi, mais selon la tradition, le Lurucha dirigeait le duo. Avec son onglet métallique, il faisait retentir ou gémir les cordes métalliques ou de boyaux de l’instrument selon les passages parfois tristes des danses.

Derrière les musiciens venait Atok' Sayku, le disciple de Rasu-Ñiti. Il avait lui aussi revêtu son habit d’apparat mais ne jouait pas des ciseaux ; il marchait la tête baissée. A-t-on jamais vu un dansak’ pleurer ?

Rasu-Ñiti vivait dans un petit hameau constitué d’une vingtaine de familles. Les grands villages n'étaient pas très loin. Un petit groupe de personnes suivaient les musiciens.

- Lurucha vois-tu le Wamini ? demanda le dansak' depuis sa chambre.

-Oui, je le vois. C’est l'heure.

-A-t-il des ailes ?

- Atok' Sayku, le vois-tu ?

Le jeune homme sur le seuil de la porte regarda la tête du dansak'.

- « Il bat un peu des ailes. Je ne le vois pas très bien, Père.

- Bat-il des ailes ?

- Oui, Maître.

- C'est bien, jeune Atok'Sayku. Je sens la lame du couteau dans mon cœur, ça y est ! Joue. » dit-il au harpiste.

Lurucha joua le prologue Jaykuy et enchaîna tout de suite le Sisi nina “ fourmi de feu”, un autre temps de la danse.

Rasu-Ñiti dansait en titubant, un petit peu. Le public entra dans la chambre. Les musiciens et le disciple prirent place sous le rayon de soleil.

Rasu-Ñiti occupait l’espace où le rayon de soleil était le plus bas. Ses jambes lui brûlaient. Il dansait sans ferveur, presque tranquille le jaykuy ; ses pieds s'animèrent pendant le Sisi nina.

- Le Wamini bat plus vite des ailes, dit Atok' Sayku, en regardant au dessus de la tête du danseur.

Celui-ci dansait avec plus de brio. L'ombre de la chambre s’amplifiait comme chargée de vent ; le dansak’ renaissait, mais son visage encadré par le mouchoir blanc se durcit et se rigidifia ; de sa main gauche il agitait son mouchoir rouge comme s’il luttait contre un bout de viande. Sa coiffe ornée de miroirs se balançait ; soudain le rythme de la danse devint plus perceptible. Lurucha tenait son visage collé contre la hampe de la harpe. D'où venait cette musique ? D’où jaillissait-elle ? Pas seulement, pas juste des cordes ou du bois.

- « Ça y est ! J'arrive ! J'arrive ! » dit le danseur à voix haute, la dernière syllabe s’étrangla dans sa gorge, sa jambe se paralysa.

- « Le Wamini est là !» s'exclama la femme du dansak’ en sentant sa cadette trembler. Le harpiste changea de rythme et entama le Waqtay (la lutte). Rasu-Ñiti fit tinter plus vivement ses ciseaux. Il les dressa en direction du soleil et se figea ; bien que son visage se rigidifiait et ses yeux s’enfonçaient, il fit un tour sur sa jambe valide. Alors, son regard qui jusque là était perdu dans le vide, ne fixant rien de précis, un instant, se posa sur sa fille aînée, presque joyeux.

- « Le dieu grandit, il tuera le cheval ! » dit-il, la bouche pâteuse. Il n’avait plus de salive.

- Lurucha ! Patron ! Fils ! Le Wamini me dit que tu es fait de maïs blanc. Ton chant sort de ma poitrine, de ma tête.

Il tomba assis sur le sol sans s’arrêter de jouer des ciseaux. Son autre jambe se paralysa. Avec sa main gauche, il secouait son mouchoir rouge tel un chiffon des chicheria les mois venteux. Lurucha qui ne semblait pas le regarder, commença le Yawar mayu (la rivière de sang), le final de toutes les danses.

Le public se tenait coi, plus aucun bruit, ni de la basse-cour, ni des champs éloignés. Les poules et les cochons d'Inde avaient-ils eux aussi conscience de ce qui était en train de se passer ? De ce que signifiaient ces adieux ?

Lentement l’aînée des filles sortit dans le couloir. Elle portait dans ses bras une des grappes d'épis de maïs de couleurs. Elle la posa par terre. Un cochon d'Inde s’aventura lui aussi hors de son trou. C'était un mâle, aux poils frisés ; un instant, il regarda les hommes avec ses yeux extrêmement rouges et s’engouffra dans un autre trou en sifflant.

Rasu-Ñiti vit la petite bête. Pourquoi prit-il à cet instant même plus d'impulsion, comme s'il s’arrachait d'un grand fleuve boueux pour suivre le rythme lent du Yawar mayu que jouaient Lurucha et Don Pascual ? Lurucha ralentit le rythme endiablé de cette danse. C'était le Yawar mayu, mais plus lent, plus profond ; à l'image de ces fleuves immenses chargés des premières pluies ; ces fleuves des alentours de la forêt qui coulent sous le lourd soleil, charriant sans répit la boue, les animaux morts et les arbres. Ces fleuves vont entre les montagnes basses assombries par les arbres. Pas comme les fleuves des montagnes qui se précipitent sous la lumière vive puisant leur silence des abîmes rocheuses, aucune forêt ne leur portent ombrage.

Rasu-Ñiti suivait ce rythme de la tête et des ciseaux mais son bras qui agitait le mouchoir tomba sans vie. Rasu-Ñiti se coucha sur son dos.

-« Le Wamini bat des ailes sur son front, dit Atok' sayku.

- Maintenant lui seul peut le voir, dit son épouse pour elle-même, je ne le vois plus. »

Lurucha raviva le rythme du Yawar mayu comme si des grosses cloches sonnaient. Le harpiste en parcourant de son ongle de métal les cordes d'acier nous éreintait ; il pinçait les plus grosses et les plus épaisses cordes de boyaux. On entendit distinctement le chant du violon.

La cadette fut prise d'un soudain désir de chanter. Elle s’agitait tout en conservant une attitude grave. Elle voulut chanter alors que les doigts de son père jouaient encore des ciseaux, ils allaient bientôt eux aussi se refroidirent. Le rayon de soleil n’éclairait plus que le plafond. Le père jouait des ciseaux en les agitant un peu dans l'obscurité épaisse du sol. Atok' sayku créa un petit espace entre lui et les musiciens. L'épouse du danseur s’avança d'un demi-pas de la rangée qu'elle formait avec ses filles. Les autres spectateurs muets se figèrent plus encore. Qu'allait-il passer ? On ne leur demanda pas de sortir.

« Le Wamini est maintenant sur le cœur » - s'exclama Atok' sayku.

Rasu-Ñiti laissa tomber ses ciseaux. Il continuait à bouger de la tête et des yeux. Le harpiste changea de rythme, il joua sur un rythme de galop l'illapa vivon (le bord du rayon), sur les cordes d’acier. Le violon ne put le suivre. Don Pascual adopta alors la même attitude grave du public, l'archet et le violon pendants de ses mains.

Rasu-Ñiti bougea des yeux ; la cornée, la partie blanche, paraissait être la plus vive, la plus lucide, il n'était pas effrayant. La cadette avait toujours ce désir irrépressible de chanter, comme elle le faisait habituellement près du grand fleuve dans le parfum des fleurs de rétama qui poussaient sur les deux rives. Ce désir de chanter était différent, bien que tout aussi intense. l'illapa vivon dura longtemps, très longtemps. Lurucha changeait à chaque instant de mélodie mais pas de rythme. Et maintenant, il regardait le maître. La flamme dansante qui jaillissait des cordes d'acier de son harpe suivait le mouvement égaré des yeux du dansak’, elle le suivait malgré tout. Lurucha était fait de maïs blanc, comme le disait le Wamini. L’œil du danseur moribond, la harpe et les mains du musicien allaient ensemble ; la file de fourmis noires qui avait atteint le rebord de la fenêtre parallèle au sol, s’arrêta au son de cette musique. Le monde se tait parfois. Là, c’était pour la harpe du maître qui toute sa vie, avait accompagnée le grand dansak,’ dans des centaines de villages, sous des milliers de toits.

Les yeux de Rasu-Ñiti se fermèrent. Son corps paraissait plus grand. Sa coiffe avec ses miroirs l’illuminait.

Atok' sayku sauta près du cadavre. Il s'éleva en dansant et en jouant de ses brillants ciseaux. Ses pieds volaient. Tous le regardaient. Lurucha joua le Lucero kanchi (la lumière de l'étoile), du Wallpa wak'ay (chant du coq) qui accompagne le début des compétitions des dansak' au milieu de la nuit.

- « Le Wamini est là ! Sur ma tête ! Dans ma poitrine, il bat des ailes ! » dit le nouveau dansak'.

Personne ne bougeait.

C’était, avec des tendons de bête tendre et le feu du Wamini, Rasu-Ñiti ramené à la vie, battant des ailes à travers les siècles, éternellement.

Lurucha inventa les rythmes les plus compliqués, les plus solennels, les plus vifs. Atok' sayku les suivait, ses jambes s'élevaient, ses bras, son foulard, sa toque, tout était à sa place. Personne ne volait comme ce jeune dansak'; dansak'-né.

- « C'est bien !- dit Lurucha, - C'est bien ! Le Wamini est content. Il est là sur ta tête, le blanc de son dos brillant comme le soleil à midi sur la montagne enneigée.»

- Je ne le vois pas ! dit l'épouse du danseur.

- Nous enterrerons Rasu-Ñiti demain à la tombée de la nuit.

- Il n'est pas mort. Ajajayllas ! » s'exclama la cadette. Il n'est pas mort. Il danse."

Lurucha regarda la jeune femme attentivement. Il s'approcha d'elle, en titubant comme s'il avait bu de l’eau de vie.

- Le condor a besoin d'une colombe ! La colombe a besoin d'un condor ! Le dansak' ne meurt pas ! - dit-il.

Pour le dansak' personne ne pleure. Wamini est Wamini.

(1961)


Qoyllurit'i, junio 2010

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